28 novembre 2007

Pu Er et les lilliputiennes



Les petites théières, c'est l'ultime parade selon moi pour affronter la hausse actuelle des prix du marché des Pu Er. De la même façon, il est préférable pour dépenser moins de carburant de rouler en petite voiture plutôt qu'en 4x4.

Pour ma part, je me suis entouré de 4 merveilles d'environ 5-6 cl. Des théières de potier, magnifiques et qui possèdent toutes un je-ne-sais-quoi de plus par rapport à leurs grandes soeurs. Les infusions sont généralement bien plus juteuses, plus "grasses" avec des parfums fortement concentrés et très présents (comme pour les huiles essentielles).


Comme le souligne Raphaël dans son dernier article, la raréfaction des Pu Er anciens exige la mise en place d'un plan B. Je suis bien du même avis que lui. De plus, comme je ne fais pas parti de ceux qui s'extasient devant un Pu Er très jeune en lui trouvant quantité de parfums maaaagnifiques, je préfère continuer de côtoyer le passé en essayant d'explorer des voies détournées pour y arriver.

Pour se faire, il est indispensable de prolonger la vie de mes Pu Er anciens (donc de les économiser) par tous les moyens. Je n'arriverai jamais à apprécier autre chose que ce goût si typique, si caractéristique d'un Pu Er âgé qui correspond à mes yeux au seul et véritable goût de Pu Er. Je n'aurais très certainement jamais été séduit par ces thés si je n'avais connu que des Pu Er de 1 an d'âge. Par bonheur, le premier véritable Pu Er que j'ai bu dans ma vie était un n°11 de 1985. Imaginez un peu le marquage au fer rouge de mon esprit : le Pu Er ce sera désormais ces parfums ou rien d'autre.... !

Il par conséquent impensable que j'attende 20 ans pour apprécier enfin les jeunes, car j'ai bien l'intention d'essayer de tenir encore 20 ans avec mes Pu Er de 20 ans !! Pour y arriver, vous l'aurez deviné, la solution miracle saute aux yeux : la théière microscopique qui préserve son stock de grands crus.


Toutes les techniques d'infusion peuvent être testées mais une seule est économiquement efficace car elle n'affectera pas trop nos précieux trésors : le Gong Fu Cha dosé à 2 grammes dans une théière de 5-6 cl. Cette réalité est peut-être la principale raison de la difficulté de se procurer des théières minuscules de qualité. Les amateurs avertis de Pu Er de par le monde, sûrement confrontés aux mêmes problèmes, gardent jalousement leur petites théières et ne les revendront probablement jamais afin de pouvoir perpétuer encore bien longtemps ces moments de bonheur indescriptibles comme ceux passés à déguster par-exemple une galette n°13 de 1984. Quelle galette des années 2000 arrive à procurer un plaisir similaire ? A mon sens, aucune !

Mes petites théières (de gauche à droite circulairement) :

- taïwanaise de potier (6 cl) -M3T- pour les Pu Er
- taïwanaise de potier (6 cl) -M3T- pour les wulongs boisés et fruités
- taïwanaise de potier (6 cl) -M3T- pour les wulongs fleuris
- taïwanaise de potier (5 cl) -Tea Masters- pour les Pu Er

La petite théière qui repose sur la galette 1984/13 est celle de Tea Masters. Excellente et très proche de la qualité des Yixing en "terre épuisées" de la M3T. Ce sera mon ultime théière qui clôturera définitivement ma collection !

21 novembre 2007

Pu Er Dong Ding


Retour à mes premières amours... Le Dong Ding de Taïwan. C'est grâce à ce dernier que je suis tombé un jour dans la marmite du Gong Fu Cha de laquelle je ne suis plus jamais ressorti ! Mon premier choc, un Dong Ding d'entrée de gamme bu à la M3T : les petites tasses, la petite théière, le pot de réserve et tous les gestes et ustensiles qui participent à l'ambiance. Que de souvenirs... mon oeil est tout humide !

J'ai cependant délaissé un peu ces derniers temps les Wulongs au profit des Pu Er qui furent par la suite un choc encore bien plus important, mais ceci est une autre histoire... Le Dong Ding a conservé une petite place à part dans mon coeur : la nostalgie de mes débuts incertains très probablement.

Toujours attentif aux nouvelles références proposées chaque saison par Stéphane de Tea Masters, je dérogeais cette année à la règle de liquider (comprenez -jeter-) le stock de bleu-verts de l'année écoulée au profit des nouvelles récoltes si attirantes de par leur fragilité et leur fraîcheur absolue.

Ayant encore en stock pas mal de Wulongs datant de 2006, je ne souhaitais pas passer une nouvelle commande de ces merveilleuses récoltes 2007 avant d'avoir consommé tous les vieux clous âgés de plus d'un an. Je m'étais dit qu'au pire ils seront un peu éventés et moins parfumés mais encore tout à fait buvables...


Mais quelle erreur d'appréciation car ils méritent bien mieux que le terme de buvable, ils me paraissent tout simplement meilleurs que frais !

Par exemple le Wulong Dong Ding 'classique' 2006 de Tea Masters s'est arrondi en un an. Les notes fleuries sont nettement plus fruitées, plus sucrées. La liqueur a un aspect gras en bouche et pénétrant qui explose les papilles. Les parfums sont éclatants, sans la moindre agressivité avec une très belle tenue et un final magnifique. On sent le fruit mûr. Je préfère largement ce Dong Ding aujourd'hui qu'au printemps 2006. Un calme s'est emparé de ces feuilles transformant la fraîcheur de départ en une belle maturité créatrice de goût.

Mais comment est-ce possible ?? Est-ce dû à un stockage impeccable sans faille (en toute modestie bien-sûr !) ou tout simplement à la qualité exceptionnelle de cette référence ? Je n'ai jamais douté un seul instant de la haute tenue des thés de Tea Masters mais une telle amélioration de goût sur un Wulong, là je dois l'avouer, c'est la première fois que je suis confronté à une telle énigme !!! Stéphane (ou une autre personne) aurait-il un élément de réponse ?


Avant de tirer une quelconque conclusion hâtive, il serait intéressant de goûter à nouveau ce même Dong Ding dans un ou deux ans. Le problème est que mon sachet commence à se vider furieusement... Des amateurs pour tenter l'expérience ?

Si maintenant les Wulongs se prennent pour des Pu Er en se bonifiant avec le temps, on n'est vraiment pas sortis de l'auberge :-))

14 novembre 2007

Le thé c'est grave cher !!


Un post faisant écho à un fil de discussion sur le blog Tetsubin.

Kevin étudiant en sociologie (donc en grève forcément...) et épris d'idéologie chinoise (logique dans ce milieu de cocos), pris goût un jour au thé. Grand bien lui en fasse. Un intérêt soudain après une soirée entre potes où il était question de refaire le monde après dix joints et autant de bouteilles de Gato Negro (c'est chilien, cool, des camarades en lutte...).

Le lendemain, notre héros décida de parfaire sa culture en thé. Il se rendit dans l'hyper de son quartier et acheta un assortiment de thés de Chine qu'il jugea fort opportun : 5€ la boîte de 20 sachets. C'est un peu cher selon lui mais pour du thé vert, ça les vaut sûrement car c'est la classe, ça déchire !

Ayant parcouru assidûment les nombreux blogs sur le thé, notamment certains très réacs (sic) qu'il exècre particulièrement mais qu'il ne rechigne pas pour autant à consulter pour y puiser quelque inspiration, il se lança un beau matin dans une ébauche de préparation de thé. A coup de renfort d'encens et de musique Zen (en MP3 car il ne faut surtout pas concéder un seul centime à l'industrie du disque; "salopards de capitalistes" dixit Kevin...), il trempe son sachet dans sa grande théière d'un litre payée tout de même 15€. Attention, Kevin se lâche. Figurez-vous pour acheter cet objet, il a été obligé de renoncer à son nouveau tee shirt à l'effigie du Che, son idole qu'il voulait s'offrir pour être dans le vent et surtout pour épater Marion une copine rencontrée dans un collectif de défense des sans-papiers.

"Mais Grands Dieux, que se passe-t-il, ce thé n'a-t'il donc aucun goût ? Je ne comprends pas..." s'exclame-t-il, "... j'ai pourtant pris du haut de gamme. Grave, car 5€ c'est déjà pas donné... ". Kevin, jamais découragé ni à court d'idées (normal il brasse du vent en socio), décide de corser son infusion en utilisant simultanément deux sachets qu'il oublie dans sa théière d'un litre. Au bout de 10 minutes, il goûte le breuvage qui commence heureusement à lui plaire. Le goût du thé doit ressembler à ça selon lui. Il décide d'en parler sur son blog et de partager avec d'autres djeun's sa longue expérience de l'art du thé. Soit, pourquoi pas. Aussi décide-t-il pour conclure de prendre encore quelques photos pour illustrer ses propos : deux autres sachets passent à la trappe. Déja 5 sachets pour 3 litres, soit 1,25€...

Au bout de quelques jours à peine, Kevin a épuisé sa boîte de 20 sachets. Mais il s'est régalé et pour pas cher d'après lui : 10 litres de thé pour 5€. C'est mortel trop cool ! Mais hélas, va falloir recharger la mule, à savoir en racheter... Au passage, il en a profité pour dénoncer sur certains blogs le prix prohibitif des thés soit-disant haut de gamme : exemple les 20€ pour 100g d'un vrac de Pu Er de qualité vanté par plusieurs blogueurs qui l'ont acheté dans une maison de thé célèbre. "Quel scandale, mais c'est hors de prix, des voleurs, des escrocs. Une boutique qui pue le fric, pour ces salauds de riches... Je suis un pauvre étudiant, moi... " rétorque Kevin en colère sûrement le poing levé.




Et pendant ce temps-là, ces mêmes amateurs de thé un rien plus futés que notre Kevin encore trop perdu dans ses rêves utopiques d'un monde meilleur, se régalent depuis des semaines avec leurs 100 g qui durent, qui durent, qui durent... Kevin quant à lui en est à sa 5e boîte de thé bas de gamme à 5€ (soit 25€ au total) alors que les autres dégustent toujours tranquillement leurs 20€ de vrac "haut de gamme" et en sont à leur 50e Gong Fu Cha.

RAISONNEMENT :

option "thé haut de gamme" si hors-de-prix aux yeux de Kevin :

- 100 g de vrac à 20€ soit 0,20€ le gramme.
- 2 g environ sont utilisés dans une théière de 10cl pour préparer un Gong Fu Cha qui permet de boire au-moins 1 litre de thé (une dizaine de passages avec les mêmes feuilles) soit 0,40€ le litre.
- les 100 g permettent par conséquent la préparation de 50 Gong Fu Cha soit une cinquantaine de litres de thé !!!

option "thé bas de gamme" pas cher pour le bonheur de Kevin :

- une boîte de 100 g contenant 20 sachets et coûtant 5€.
- un litre d'eau nécessite au-moins deux sachets pour que le futur breuvage se rapproche un peu du goût de thé.
- une boîte permet donc de préparer 10 litres de "thé".
- pour préparer les 50 litres de thé comme ci-dessus, il faut 5 boîtes, soit au total : 25€.... cqfd .... grand moment de solitude pour notre pauvre Kevin ;-)

Moralité de l'histoire : un choix de vie : 25€ pour un thé minable mais "politiquement correct" ou 20€ pour un thé de prestige mais prédestiné soi-disant à ceux qui en ont les moyens selon une réputation décidément encore très tenace.

Bref, quoiqu'il en soit, la conclusion de cet exposé (certes un peu long... désolé !) est la suivante : un thé bas de gamme sera TOUJOURS plus cher qu'un thé haut de gamme. Pour ceux qui n'auront toujours pas compris le raisonnement, passez définitivement à autre chose, il y a tellement d'autres passions dans la vie (musique, livres, sport, photo, cinéma, etc, etc...) que le thé mais sachez que toutes ces sources de plaisir nécessiteront à un moment ou à un autre des dépenses bien plus importantes que celles généralement octroyées au thé qui restera, quant à lui, encore bien longtemps ce qu'il y a de moins cher au monde. Et comme disait si justement Michel du blog Teajar : le thé est coûteux mais pas cher.

7 novembre 2007

Griserie de Novembre


Une bien triste journée de repos aujourd'hui : temps gris, peu de lumière, pluie, feuilles mortes tapissant les sols. Une colonie de corbeaux squattent même les arbres d'en face depuis quelques jours. Bref, on est en novembre ! En même temps, ce type d'ambiance n'est pas pour me déplaire.

Aussi n'avais-je pas vraiment envie de me lancer dans une dégustation prestigieuse mais à défaut, je me suis rabattu sur une galette quasiment oubliée : la n°14 de 1996 qui errait parmi mes belles galettes des années 80. A vrai dire, je ne me souvenais presque plus que j'avais cette référence en stock, c'est dire que le souvenir laissé par ce Pu Er acheté à la M3T était bien éphémère !

Et pourtant, cette galette modeste (même son prix l'était...) a bel et bien évolué de manière positive. La précédente dégustation doit remonter à bien des années. En relisant mes notes de l'époque, je la trouvais intéressante mais guère plus. Elle me parut surtout assez agressive avec des parfums trop tranchés et peu subtils, limite amers. C'est probablement pour cette dernière raison que j'avais quelque peu négligé cette brave galette.

Or cette amertume, un peu désagréable, s'est métamorphosée en quelque chose de bien rond qui rajoute beaucoup de gras à l'ensemble. Les parfums ne sont plus noyés comme auparavant mais se distinguent parfaitement. La jeunesse est toujours présente mais une espèce de maturité de mi-parcours vient emboîter le pas. Franchement, je suis surpris de cette évolution !


Alors que dois-je en conclure ? Est-ce dû à la qualité intrinsèque de ce Pu Er ou à la qualité de son stockage chez moi (en toute modestie bien-sûr...) ? La question mérite franchement d'être posée car au départ ce Pu Er ne semblait pas appartenir à la famille des très grands crus, cette race de seigneurs qui a pour destin de vieillir tranquillement et de se bonifier pour devenir une légende. Non, il s'agit en fait d'une galette de consommation courante, banale. Probablement un mélange de différentes provenances.

Si cette amélioration est liée au stockage, j'en serais étonné mais infiniment ravi !!! Vous imaginez un peu ce que pourrait donner dans quelques années certaines références comme la 1998 n°31 ou la 1999 n°30 ?... Un bonheur que je n'ose à peine espérer.

Néanmoins, pour sa réussite, ce Pu Er nécessite d'après moi une théière qui monte très haut en température et surtout pas un Zhong qui réveillerait à tous les coups cette amertume apaisée. J'ai utilisé ma Yixing en "terre épuisée" de 12 cl à parois très épaisses qui maintient si bien (et si longtemps) la chaleur.

Certains aspects de ce thé m'ont immédiatement rappelé le très joli vrac n°23 de 1997 que beaucoup apprécient à juste titre, moi le premier. Je pense ne pas trop me tromper en prétendant que les caractéristiques communes à ces deux Pu Er sont les suivantes : notes fruitées, un rien camphrées et une belle fraîcheur évoquant un peu l'amande encore jeune.

Finalement une journée bien moins grise et bien plus joyeuse que prévue !